Parchemin 03

INSTITUT de RECHERCHE MAGIQUE et TECHNOLOGIQUE

Parchemin 03

Nous étions le 13e jour de la 8e lune de l'année du cochon, nous avions passé le solstice depuis un certain temps mais les chaleurs étaient encore suffocantes et les journée interminables comme si la soleil se plaisait à persécuter la lune dans ses quartiers. Le Grand Intendant étudiait dans la toute nouvelle salle aquatique de l'I.R.M.T dédiée aux grands lacs et océans, aux mers et aux rivières, aux créatures sous marines existantes, éteintes ou fictives. Il avait réussi à canaliser les flux magiques dans cette pièce de telle sorte à recréer des cascades artificielles, de plus une fontaine majestueuse sertie d'or et d'argent les plus raffinés et ornée de différentes créatures comme des cygnes ou des sirènes à l'allure innocente emplissait la pièce d'une atmosphère de paix et de quiétude. Les bibliothèques étaient quant à elles disposées sur tous les murs du sol au plafond au fur et à mesure que les ouvrages confluaient vers ce sanctuaire de connaissance et de savoir, certains de ces parchemins n'avaient encore jamais été lus de mémoire d'homme, d'autres en revanche étaient des contes que tous connaissions et qui avaient bercé notre plus tendre enfance.

Le Grand Intendant était penché sur un ouvrage à l'aspect très ancien, un vieux codex à la couverture en bois recouverte de cuir de vache tanné maintenu en place par des clous simples rendant le tout sobre mais élégant. Le Grand Intendant lisait rarement pour le plaisir, il cherchait par dessus tout, et même par delà le savoir et le pouvoir, à aider les siens dans leur quotidien même si il faut le reconnaître, sa froideur légendaire et son ton sarcastique ne laissent pas soupçonner de telles qualités. Il cherchait aujourd'hui un moyen de garder l'eau le plus longtemps possible avant son évaporation, il avait déjà eu l'idée de creuser des canaux et de les couvrir afin de limiter au maximum l'évaporation mais cela ne suffisait pas, l'eau était trop rare pour que nous la gâchions et peut-être au détour d'un coin de page tordu ou détaché par le temps se tenait en quelques lignes sur la papier froissé une antique formule qui pourrait assurer notre salut et notre prospérité Hélas les recherches furent écourtés par l'irruption de Bobkalvin le scribe dont le regard emplit de crainte et de questions n'indiquait pas de bonnes nouvelles.

L'étude des ouvrages fut interrompue et le Grand Intendant reçu son scribe afin qu'il lui raconte ce dont il fut témoin. Le scribe compta donc son histoire et la transmutation qui avait eu lieu lors de son expédition qui une fois de plus s'était révélée infructueuse. Ce récit du changement incompréhensible d'une embarcation primaire en un animal étrange ne sembla pas pourtant inquiéter celui dont le savoir surpassait la plupart de l'humanité connue. Le Grand Intendant prit congé de son scribe et lui demanda de revenir dans deux jours, sans plus d'informations comme si laisser ce pauvre scribe dans l'inquiétude durant deux interminables journées était suffisant, mais bon tout cela n'inquiète pas vraiment le Grand Intendant, à vrai dire, la santé mentale de ses employés n'était vraiment pas sa priorité.

Durant ces deux jours, nul ne vit le grand intendant, et ce parchemin raconte pour la première fois ce qu'il s'est passé à ce moment là. Dès le soir qui suivit l'entretien avec Bobkalvin, le Grand Intendant se rendit dans une salle dont lui seul connait l'emplacement et l'accès car son contenu n'est pas censé être consulté par le premier venu, si jamais ce savoir venait à se perdre parmi les ignorants qui peuplent cette terre, ou pire encore, parvenir entre les mains des Anciens meurtris dans leur foi, les conséquences seraient alors dramatiques. Plusieurs questions parcoururent l'esprit déjà très actif du Grand Intendant : "Quelle est cette créature ? Quel est son but, ses intentions ? Serait-elle liée au Culte ? "

Le temps pressait, nulle place pour la réflexion et les interrogations il fallait des réponses et vite ! Après consultation des antiques ouvrages qui traitaient du Culte et que certains ont osé conservé malgré les interdictions en vigueur du temps de la Régence, il fut décidé d'une inspection de la bête en question. Enfermée dans son enclos elle paraissait calme mais la réalité était tout autre, comme certains disent parmi nous "Elle sent le Culte !"
Mais alors qui de la bête ou de l'humain avait attiré l'autre ? Serait-ce le scribe le problème ?

L'étude des antiques ouvrages repris, et quand le scribe revint voir le Grand Intendant il lui demanda simplement de le suivre, ce qu'il fit bien évidemment car personne n'ose contredire la sagesse du Grand Intendant. Après plusieurs heures de marche ils se retrouvèrent aux abords d'une ruine ancienne encerclée de nombreuses statuettes, runes et autres amulettes dont la signification échappait au scribe mais pas au Grand Intendant. Il fut demandé à Bobkalvin de se placer au centre de la structure tout en tenait trois épis de blé et le croquis suivant représente au mieux ce moment.


Une fois le scribe en place, le Grand Intendant commença une danse étrange, agitant sporadiquement les bras et les jambes tout en récitant des formules antiques et mystérieuse, la cérémonie dura plusieurs heures, le scribe effrayé n'osait pas bouger. La nuit avançait grandement et quand la lune fut au plus haut de sa course le Grand Intendant acheva ses gestes sur les paroles suivantes " ...Véritassé Naturé Revelum " tout en pointant de ses deux index les deux yeux du scribe. La lumière de la lune parcourue la structure et un jeu de miroirs cachés redirigea les faisceaux vers les yeux du scribe. Le scribe fut soulevé du sol comme si il lévitait puis son corps retomba de ton son poids et sa tête heurta le sol émettant le même son résonant que lorsque la cruche vide percute la pierre.

Un seul détail attira l'oeil averti et aiguisé du Grand Intendant, les épis de blés s'étaient transformés en un pain, ce pain nommé pain de paix lunaire signifiait que le rituel avait permis de conclure que l'âme du pauvre scribe n'était pas corrompue par la noirceur du Culte. Le scribe qui avaient entendu les conclusions de son maître osa cependant lui demander quelque chose : "Oh Grand Maître, que ce serait-il passé si mon coeur avait été corrompu ?"
A cette question, le Grand Intendant eu un petit rire et répondit simplement "Et bien, vous ne seriez pas ici pour me poser cette question."


Le scribe était sauf, le Bushido n'était pas corrompu mais une chose était pourtant certaine : le retour du Culte se ferait bien plus tôt que prévu.